Blog > Fujifilm X-H1
Au début, il y eut le Fujifilm X100. Petit appareil photo à l’aspect rétro et empli de promesses. Fujifilm frappa un grand coup. Compact, Arrivé comme un cheveu sur la soupe, au milieu de l’hiver 2018, l’ovni X-H1 en a surpris plus d’un. Cher, gros — pour un Fuji X — et surtout différent. L’appareil a pris tout le monde de court, car c’était, et c’est toujours, le premier et l’unique de la série X à proposer un stabilisateur intégré IBIS. Maj 11.2020 : les nouveaux X-T4 et XS-10 ont un stabilisateur IBIS.
Les habitués ont été choqués par son gabarit.
Comparé à ses frères et autres cousins de la gamme, le X-H1 sortait du lot : poignée proéminente, molette de compensation d’exposition supprimée, présence d’un écran sur la partie supérieure droite et surtout un nom inconnu dans la gamme : ni X-Pro, ni X-E, ni X-T mais X-H.
H pour hybride ?
Non pas que les autres Fuji X aient un problème de prise en main, mais comparés au X-H1, ils font pâle figure. Ce dernier dispose d’une poignée intégrée nettement plus proéminente que les autres. Ne nous mentons pas, elle améliore nettement l’ergonomie générale de l’appareil et c’est plus agréable lors de longues utilisations et/ou pour les grandes mains.
Autre nouveauté, le bouton de déclenchement au toucher soyeux. Doux et délicat, presque trop. Il faut un peu temps pour s’y habituer, car il est tellement sensible qu’à la première utilisation, vous risquez de vous retrouver avec plusieurs photos de vos pieds, mains, ou autres objets environnants. Vous aurez déclenché sans même vous en rendre compte.
C’est silencieux et une fois que vous vous y serez habitué, ce sera un vrai plaisir. La molette de correction d’exposition a été remplacée par un petit bouton moins pratique, logé à droite du déclencheur. Ça ne me fait ni chaud ni froid, car je ne l’utilise jamais.
Le nouveau petit écran de contrôle, intelligemment placé sur la partie supérieure droite est un plus indéniable. Il permet, d’un simple coup d’œil, de vérifier les principaux réglages : vitesse, ouverture, sensibilité, qualité de la photo, etc. Ça peut faire gagner du temps et faciliter la vie.
Les deux molettes supérieures disposent, quant à elles, du petit bouton-poussoir qui permet d’éviter de tourner seules au moindre mouvement et de perdre les précieux réglages.
Quant au boîtier en lui-même, il est fabriqué dans un alliage de magnésium 25 % plus épais que les précédents modèles. Ça ne se voit pas forcément, mais ça se ressent. Le X-H1 est construit comme un tank. Fujifilm nous promet une résistance accrue aux chocs et autres maltraitances. Je n’ai pas testé, je préfère croire le fabricant sur parole.
Le viseur électronique profite d’une résolution de 3,69 millions de pixels ainsi qu’un œilleton agréable à l’œil ; en particulier pour un porteur de lunettes. Détail sûrement, mais d’une grande importante, car c’est l’une des pièces essentielles à la prise de vue et son confort m’importe énormément.
Comme je l’expliquais dans l’article sur le X-T3, l’œilleton rikiki du X-Pro2 a été l’élément déclencheur de la séparation qui a suivie ; j’avais préféré le X-T2 au X-Pro2. Avec des lunettes, en plein soleil, c’était inutilisable. Que ce soit avec le X-H1 ou le X-T2/3, rien de tout ça. Le dégagement oculaire est excellent. Il semblerait que Fujifilm ait amélioré l’œilleton sur le nouveau X-Pro3.
Le X-H1 se dote d’un écran tactile de 3 pouces pour 1,04 million de pixels. Cela permet de déclencher, d’ajuster les réglages, mais surtout de faire défiler les photos pour contrôle.
Lors de la prise de vue, si votre nez s’approche un peu trop de l’écran, cela peut, par exemple, faire revenir au centre le cadre vert d’indication de mise au point. Cela m’est arrivé, j’ai dû chercher pour en trouver la raison. Il suffit dans ce cas, d’appuyer, à même l’écran, sur la petite main qui enclenche ou non le tactile de l’écran.
L'autonomie des batteries est un point qui fâche sur les appareils Fuji et une fois encore, je ne la trouve pas aussi catastrophique qu’annoncée, que du contraire. Tout dépend de quelle manière l’appareil est utilisé.
Durant ma première utilisation, à savoir des portraits en lumière naturelle, j’avais réglé l’appareil en mode boost pour des performances optimales, et activé le stabilisateur pour les photos — il s’enclenche lorsque le déclencheur est appuyé à mi-course et durant la photo.
J’ai pu faire, sans aucun problème, 507 photos avant d’arriver dans la zone rouge de la batterie qui m’indiquait qu’il était temps de changer. On est assez loin des 310 images annoncées par Fujifilm.
En conclusion, l’autonomie me semble bonne, vu la taille de la traditionnelle batterie NP-W126S.
La stabilisation (IBIS) est la grosse nouveauté chez Fujifilm. Le X-H1 est le premier appareil de la marque à profiter de l’IBIS (stabilisateur intégré). Je ne vais pas détailler toute la technique du système, car ce n’est pas le but de cet article. Pour les curieux, ça se passe ici.
Le stabilisateur permet d’obtenir des photos nettes à de basses vitesses d’obturation, à main levée. Sans cet IBIS, un trépied serait nécessaire.
De plus, le X-H1 bénéficie d’un mécanisme à ressorts de réduction des microvibrations dues au mouvement de l’obturation mécanique. Une aide pour l’IBIS et des photos nettes. En outre, l’appareil dispose de l’obturateur le plus silencieux de toute la gamme X.
Utile dans le cadre de sujets immobiles ou dans ces circonstances durant lesquelles le silence est d’or.
S’agissant du capteur X-Trans CMOS III de 24 millions de pixels qui équipe le X-T2, je ne vais pas m’attarder longuement sur la qualité des images. En restant parfaitement objectif et malgré son âge, je trouve que ce capteur n’a pas pris une ride (le X-T3 est équipé de la version IV du capteur) et nous réserve toujours de belles surprises.
Le rendu, la fidélité et le contraste sont au rendez-vous. La qualité d’image est superlative, sans parler de ce qui fait la plus grande force de Fujifilm : les couleurs. Malgré un détour chez Leica, qui, sans conteste, fabrique les meilleurs objectifs au monde, le constructeur allemand n’a pas la science des couleurs du japonais.
Quelle que soit la marque, jamais je n’ai réussi à retrouver ailleurs le rendu des appareils Fujifilm ; sans parler du plaisir d’utilisation.
Comme je ne photographie jamais d’évènements sportifs, l’autofocus type F1 ne m’est pas indispensable. Je reconnais volontiers qu’avoir un AF réactif est plaisant. Quand je vois les progrès accomplis sur le X-T3/X-Pro3…
Je situerais l’AF du X-H1 entre celui du X-T2 et celui du X-T3. À savoir : suffisant pour mon usage actuel. J’ai constaté que le 35mm F1.4 reste un peu bruyant sur le X-H1 alors qu’il se transforme en fusée sur le X-T3 ; plus aucun bruit ni mouvement de va-et-vient. L’AF est efficace, sans être hésitant ni affolant. Les atouts du X-H1 sont ailleurs.
Les X-H1 et X-T3 ont différents capteurs qui induisent différents plaisirs.
Quand les fichiers sont mélangés dans un logiciel de développement, je ne vois pas de différence entre le X-H1 et le X-T3. Le rendu est identique à 99,9 %. Non, la différence est ailleurs.
Si l’on considère l’ergonomie, le X-H1 est champion, incontesté. Sa poignée plus grosse et confortable bat celle du X-T3 à plate couture. Il n’y a pas photo. Le X-H1 semble plus robuste, construit pour durer, tandis que le X-T3 semble, en apparence, plus frêle. Les deux appareils sont construits de manière semblable. Pas de trappe qui flotte, de bouton lâche, etc. En 5 ans, Fujifilm a réglé les problèmes des débuts.
Quant au plaisir pur d’utilisation, le X-T3 garde une légère avance. Plus compact et surtout dans l’esprit des origines qui a séduit tant de monde, moi y compris. Si vous voulez la performance pure et dure, le X-T3 sera votre choix de prédilection. Si vous souhaitez un appareil à l’ergonomie (presque) irréprochable et construit comme un tank, le X-H1 est la voie à choisir.
En conclusion, le X-H1 est un appareil à part dans la gamme X de Fujifilm. Plus gros, plus résistant. Même s’il ne dispose pas des dernières nouveautés, comme le X-T3/X-Pro3, il a des atouts que les deux autres n’ont pas : poignée proéminente, petit écran de contrôle, et utilisation style reflex. Plus confortable.
Côté qualité d’image, c’est, pour moi, chou vert et vert chou avec les nouveaux modèles. Même avec un ancien capteur, grâce à ses qualités d’origine et aux mises à jour au fil du temps, le rendu des images reste exceptionnel.
Sans avoir les performances ni le charme des X-T3/X-Pro3, le X-H1 reste attrayant et compétitif en cette fin d’année 2019, grâce à un prix plancher, moins de 1100 € dans les bonnes crèmeries.