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Fujifilm X-Pro1

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Fujifilm X-Pro1

À l’ère du numérique, huit ans équivalent à un siècle, ou presque. Daté, passé de mode ; c’est ce que beaucoup d’entre vous se sont dit en lisant l’intitulé de l’article. Il y a peu, je cherchais un second appareil photo, en complément du X-Pro3, pour diverses raisons.

N’étant plus professionnel, je n’avais pas besoin de deux appareils récents.
Aucune nécessité d’un second X-Pro3 ou d’un X-T3/4. Comme je ne voulais pas exploser mon budget, je me suis mis à la recherche d’une alternative.

Du côté de l'occasion

Grande première pour moi, car je n’ai jamais rien acheté d’occasion. Le X-Pro2 est le premier à m’être venu à l’esprit. Malgré les années, même usé, son prix reste assez élevé : aux alentours de 850 €.
J’ai ensuite pensé au X-E3, neuf ou d’occasion, peu importe. Il se trouve neuf aux alentours de 600 € et difficilement d’occasion. Hors budget.

Petit à petit, l’idée d’un X-Pro1 a commencé à germer dans ma tête. Son grand âge ne m’inquiétait pas. Même sans m’être informé, j’imaginais que son prix allait être intéressant. Je ne m’étais pas trompé ; on peut le trouver entre 300 € et 500 €. Certes, certains exagèrent avec les prix ; du moins, ils essaient… (d’attraper un pigeon.)

En regardant une liste d’occasions, j’aperçois un modèle à 350 €. Je demande à le voir et la chance me sourit : il est en excellent état. Le X-Pro1 est fourni avec sa boîte, ses accessoires d’origine (chargeur, batterie, sangle, etc.) et a peu servi durant ses 8 premières années.

Il comporte quelques marques d’usure et c’est parfaitement normal. Ça lui ajoute même du charme.
J’ai eu un premier X-Pro1, accompagné du désormais fameux 35mm F1.4, en 2012, dès qu’ils ont été disponibles à la vente.

Par la suite, j’ai cédé aux sirènes de la nouveauté et de la performance avec le X-T1 et consorts…
Ce n’était que partie remise.

Depuis 2012, les appareils Fujifilm et les autres marques d’appareils photo, de manière générale, ont beaucoup évolué. Haute sensibilité, incroyable qualité d’image, gabarit et poids des appareils et des objectifs et j’en passe, mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Le X-Pro1 a été le premier appareil de la gamme X chez Fujifilm à avoir la possibilité de changer d’objectif. Son prédécesseur, le X100 avait, lui, un objectif fixe.

Le nombre d’objectifs XF a nettement augmenté avec le temps. Lorsque le X-Pro1 est sorti, il existait 3 objectifs : 18mm F2, 35mm F1.4 et 60mm F2.4 macro.

En plus des objectifs, Fujifilm a étoffé sa gamme d’appareils photo X, avec de beaux hauts et quelques jolis bas — je vous laisse juges — ; sans oublier la gamme moyen format GFX.

Le X-Pro1 est-il toujours dans le coup en 2020 ?

Le négatif

Je vais commencer par un des rares points négatifs que j’ai pu observer sur le X-Pro1 : l’absence de joystick.
Il a été introduit plus tard, sur le X-Pro2. Le X-Pro1 dispose, quant à lui, de quatre flèches. Elles sont pratiques pour naviguer dans les menus, mais nettement moins pour changer la mise au point.

Pour ce faire, il faut d’abord cliquer sur la flèche du bas puis sur l’une des trois autres afin de changer le rectangle vert de mise au point dans le viseur. Il est possible de dédier la touche AF (coin inférieur gauche de l’appareil) à cet effet. La flèche du bas pourra servir à un autre raccourci. Le X-Pro1 n’a d’ailleurs que de deux touches de raccourcis personnalisables.

Pour comparaison, l’actuel X-Pro3 a trois fois plus de touches de raccourcis paramétrables — écran compris.

En parlant du menu, il est moins fourni que l’actuel, voire plus simple. Il n’y a pas moins de lignes, juste moins d’options ; rien qu’au niveau des simulations de films : ± deux fois moins.

Ergonomie

La protubérance à l’arrière droit de l’appareil permet de poser confortablement le pouce pour une meilleure préhension.
L’écran ne pouvant pas bouger, il ne ressort quasiment pas de l’appareil qui est plus plat que le X-Pro2/3 ; je préfère un écran fixe. Celui du X-Pro1 n’est pas tactile, comme l’est celui du X-Pro3.

Ici, pas de molette destinée au réglage de la sensibilité (ISO). Pour modifier la sensibilité, j’utilise la touche Fn située sur la partie supérieure droite de l’appareil.

Il y a une molette pour la vitesse, limitée à 1/4000e de seconde (1/8000e sur les X-Pro2/3) et il n’y a pas non plus d’obturateur électronique qui permet de monter à 1/32 000e de seconde. Ceux ou celles qui voudront photographier à F1.2 avec le 56mm, en plein soleil, devront utiliser un filtre ND ou fermer le diaphragme.

La molette de compensation d’exposition varie de -2 à +2 contrairement aux appareils récents : -5 à +5.

Comme sur nombre d’appareils Fujifilm X : le bouton on/off est trop mou. Un simple petit mauvais geste en rangeant votre appareil dans votre sac photo et l’appareil se rallume seul… au revoir la batterie.

Pour information : le "problème" subsiste toujours sur le X-Pro3.

Pour ma part, je trouve le bouton d’allumage un peu mou. Si vous ne prenez pas garde en rangeant l’appareil, vous risquez de le rallumer sans vous en rendre compte. Dommage… Pour le reste, tout me semble judicieusement placé/pensé et solidement attaché. La philosophie X-Pro demeure intacte. Voir l'article sur le X-Pro3.

Contrairement au X-Pro3, la carte SD du X-Pro1 est logée sous l’appareil, juste à côté de la batterie. C’est mal fichu et compliqué d’accès. De plus, le X-Pro1 n’a qu’un seul logement SD au lieu de deux sur le X-Pro2/3.

À l’heure actuelle, je n’ai pas constaté de différence de confort entre le X-Pro1 et le X-Pro3. Il me semble que la prise en main de la version 3 est subtilement meilleure. Il y a quantité d’évolutions en huit ans, mais la philosophie X-Pro d’origine est toujours présente et ancrée dans l’ADN des appareils.

Image

C’est ici que le bât blesse… du moins, c’est ce qu’on serait tenté de penser après huit années d’évolution. Bien entendu, il y a des différences et heureusement.

Dans l’ensemble, je trouve le rendu et la qualité d’image du X-Pro1 ahurissants pour un appareil de son âge. J’ai été étonné et me suis surpris à avoir du mal à reconnaître les images du X-Pro1 et du X-Pro3 mélangées. Néanmoins, il y a quelques subtilités difficilement visibles pour un œil non averti.

Entre les deux appareils, plusieurs évolutions du capteur/processeur entrent en jeu : CMOS X-TRANS 1/EXR PRO — X-Pro1 — > X-TRANS CMOS 4/X-Processor 4 — X-Pro3 —, je ne vais sûrement pas m’attarder à les comparer bêtement.

Outre la définition qui passe de 16 à 26 MP, la plage de sensibilité plus élevée sur le X-Pro3 : de 80 à 51 200 ISO contre 160 à 25 600 ISO sur le X-Pro1 et la quantité de simulations de films, il y a peu de différence dans les rendus et la qualité d’image pure et dure. Le X-Pro1 n’a pas à pâlir devant son petit frère plus évolué ; impressionnant.

Étant adepte de l’ajout de grain sur mes images, je peux difficilement être objectif quant à l’absence de celui-ci sur les images directement sorties des capteurs des appareils. Je ne cherche pas à avoir l’image la plus lisse et propre possible pour les photos que je prends. Je cherche à avoir du caractère et une ambiance sur mes images. Le grain y est pour beaucoup.

De mon point de vue, le X-Pro1 s’en sort bien si on cherche à obtenir une image sans bruit numérique (grain). Jusqu’à 1 600 ISO voire 3 200 ISO, le grain est plaisant et la photo reste parfaitement utilisable pour le maniaque de l’image propre. Ses successeurs font mieux dans ce domaine, mais une fois encore, chacun devra y trouver sa manière de d’agir et de voir. Je monte assez rarement en sensibilité, je ne suis pas à la recherche d’un appareil qui peut photographier, sans grain, une chauve-souris dans l’obscurité la plus totale.

EVF

Ne tournons pas autour du pot, c’est sur ce point précis que l’on constate la plus grosse évolution sur le X-Pro1 et ses différents successeurs. La stature ainsi que la définition et par conséquent le confort d’utilisation ont été profondément améliorés.

X-Pro1 | X-Pro2 | X-Pro3

  • Taille EVF (pouces) : 0,47 | 0,48 | 0,50
  • Type EVF : LCD | TFT (LCD) | OLED
  • Définition (MP) : 1,44 | 2,36 | 3,69
  • Rafraîchissement (im/sec) : 54 | 85 | 100

En son temps, en comparant les X-Pro1 et X-Pro2 avec leurs pendants de la gamme X-T, j’ai toujours préféré l’EVF des X-T1 et 2, pour leur confort. À l’heure actuelle, je trouve les progrès faits de ce point de vue sur le X-Pro3, sont remarquables. Pour le format de l’œilleton, les X-T seront toujours supérieurs de par leur configuration physique. Néanmoins, sur le X-Pro3, le confort est au rendez-vous, avec des lunettes, même comparé au X-T3.

Sur le X-Pro1, c’est nettement moins commode, et en particulier si on utilise le X-Pro3. La taille de l’EVF est plus petite. Cela reste utilisable sans trop de soucis. Toutefois, rappelons-nous qu’en 2012, c’était une belle prouesse.

On pourrait facilement devenir critique et blasé avec le temps, mais en remettant la situation dans son contexte, il est encore facile de s’émerveiller pour des petits détails. Dans le cas du X-Pro1, on peut se dire qu’un EVF de cette qualité en 2012 était un bel exploit et s’étonner qu’en 2020, il fonctionne toujours aussi bien.

Autofocus

Sur ce dernier point, nombre d’améliorations sont arrivées avec le temps. En 2011, l’autofocus des Fujifilm X était catastrophique ; j’assume ce mot. Cet autofocus ne se gênait pas pour patiner dans la choucroute à la moindre occasion ; lent et hésitant.

Tout en poursuivant la philosophie Kaizen, Fujifilm a continué à développer de constantes améliorations au fil des mises à jour du micrologiciel.

De lent, l’AF du X-Pro1 est devenu convenable au fil du temps (version 3.81). La dernière mise à jour datant de février 2020…

En parlant d’évolution et amélioration continue, vous connaissez beaucoup de marques qui fonctionnent de cette manière ?

Pour du portrait et autres sujets calmes, l’AF du X-Pro1 convient. Il n’est ni rapide ni lent. Sachant que je ne n’utilise pas les derniers objectifs en date, je ne suis pas à la pointe de la vitesse.

D’après mes observations, l’AF se comporte mieux avec le 35mm F1.4 qu’avec le 56mm F1.2. La masse optique de ce dernier étant sûrement plus difficile à déplacer à l’intérieur de l’objectif. N’espérez pas faire des photos de sport facilement avec le X-Pro1, il n’a pas été conçu pour ça. Je ne dis pas que c’est impossible…

Vidéo

N’utilisant jamais la fonction vidéo des appareils photo, je ne vais pas me risquer à vous en parler. Je serai franc, je ne suis pas spécialiste dans ce domaine. D’autres l’ont fait, le font et le feront mieux que moi.

Tout ce que je sais est que l’appareil ne filme pas en 4K, comme le font les X-Pro3, X-T3/4. Il se contente de filmer en HD (1080p).

J'aime

  • Son côté attachant : il m’a permis de me rappeler qu’on peut encore être étonné, comme un enfant
  • Son prix en 2020 (± 350 €)
  • Sa qualité d’image : grandiose… et vu son âge, c’est surprenant
  • Sa facilité d’utilisation : peu de boutons, pas de chichis
  • Sa montée en sensibilité assez propre
  • Ses menus clairs et simples
  • Sa discrétion : le X-Pro1 est on ne peut plus discret
  • La "philosophie Kaizen" de Fujifilm
  • Sa qualité de fabrication : après huit ans, aucun défaut de construction/fabrication visible

Je n'aime pas

  • Son autofocus : pas des plus performants, juste correct
  • Son EVF : un peu petit pour celle ou celui qui porte des lunettes, mais qui reste tout à fait utilisable
  • Son emplacement pour carte SD : sous l’appareil, juste à côté de la batterie ; qui n’est pas pratique
  • Bouton on/off un peu mou

Le mot de la fin

Pour terminer, je dirais qu'acheter un X-Pro1 de presque huit ans en 2020 n’est ni un pari ni une évidence. Même si son prix n’est pas follement élevé, cela reste une belle somme. Toutefois, l’achat de ce X-Pro1 était réfléchi.

J’avais besoin d’un second appareil, de la marque que j’utilise, sans monter dans les prix, ce qui arrive vite en photo ; et le X-Pro1 m’a paru être le choix le plus sage. Évidemment, quand il s’agit du X-Pro1, on ne parle pas de la dernière Ferrari hybride sur le plan des performances, mais d’un modèle plus ancien, par exemple la 308 GTS de la série Magnum. Pas vieux, juste ancien.

Malgré son grand âge, je le trouve toujours d’actualité et tout à fait utilisable, le gaillard est toujours vaillant. Attention toutefois à ne pas l’acheter pour une utilisation sportive.

Le plus surprenant, pour ma part, est l’incroyable qualité d’image. C’est fou de se dire que Fujifilm était à la pointe de la science des couleurs en 2012, car le X-Pro1 n’a pas à rougir face à la concurrence actuelle. J’exagère à peine. Je ne constate pas de différence entre le X-Pro1 et l’actuel X-Pro3, en termes de couleurs. Le rendu, lui, est différent. Chaque couple appareil/objectif ayant sa propre patine.

Ce vieux X-Pro1 m’a prouvé qu’il ne faut pas forcément toujours courir derrière la dernière nouveauté. Même si j’aime les gadgets et l’effet du neuf, il m’a convaincu des avantages de l’occasion et de l’intérêt de la technologie plus ancienne afin d’obtenir un rendu différent.

Le X-Pro1 est-il toujours dans le coup en 2020 ? Ma réponse sera un grand OUI.

Une vidéo intéressante → Photographer Zack Arias Takes a Trip to Mumbai with the X-Pro1

Ma note sur 5

  • Performances : 3
  • Qualité d’image : 5
  • Fabrication : 5
  • Facilité d’utilisation : 4
  • Autofocus : 2
  • Côté coeur : 5
  • Prix : 5
    → Moyenne : 4,1/5
Fujifilm GFX 50s
Fujifilm X-Pro1
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© 2013-present, Frédéric Frognier
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